En football, chaque année est marquée par le Mercato d’été, cette saison durant laquelle les clubs procèdent au transfert de leurs joueurs vers d’autres sélections, avec des contrats et des sommes élevées en jeu. En patrimoine, ce ne sont pas des transferts mais des restitutions. Les œuvres volées ou pillées d’un pays refont surface dans un autre pays, après être passées par le marché noir. À l’issue d’une enquête, les trafiquants sont arrêtés et les antiquités renvoyées par les autorités. Cette semaine, les restitutions ont engagé plusieurs pays : la Turquie, le Danemark, l’Égypte, la Suisse, la Grèce, la France, la Libye et les États-Unis. Oui, le trafic est mondial et le marché vaut très cher.
TRAFIC
Danemark-Turquie : rassembler Septime Sévère ?
La Turquie réclame au Danemark une tête en bronze de l’empereur romain Septime Sévère, exposée à la Glyptothèque Ny Carlsberg à Copenhague. En avril, Ankara avait obtenu des États-Unis la restitution d’une statue en bronze acéphale datant de 225 de notre ère, pillée en 1960 et exposée au Met Museum de New York depuis 2011 (voir MMXXII n° 46). Aujourd’hui, les autorités turques pensent avoir identifié la partie manquante du corps au musée danois.
Suisse-Égypte : un bout de Ramsès
Un fragment d'une statue de Ramsès II datant de 3400 ans et volé en Égypte dans les années 1980-1990 a été restitué par les autorités suisses. Le fragment provient du temple de Ramsès II à Abydos et appartient à une statue du pharaon assis aux côtés d’autres divinités égyptiennes.
France-Grèce : une partie du temple d’Athéna
Un fragment de l'Érechtéion (Ve siècle avant JC) situé sur l’Acropole d’Athènes, a été restitué par les autorités françaises à la Grèce. Il était détenu par une collectionneuse française depuis les années 1970, qui a accepté de le céder. Il provient plus exactement des reliefs décoratifs au sein du temple d’Athéna Polias (autre nom de l’Érechtéion).
USA-Libye : deux femmes de Cyrène
La justice américaine a ordonné la restitution de deux antiquités libyennes vers leur pays d’origine. La première est un fragment de tête représentant une “femme ptolémaïque” et la deuxième est un buste funéraire, féminin également. Les deux sculptures ont été pillées à Cyrène dans les années 1980 et 1990 et ont refait surface sur le marché de l’art, par le biais d’un trafiquant britannique déjà condamné pour ce motif, Robin Symes. Leur valeur est estimée à 1,26 million de dollars. Par ailleurs, les chercheurs pensent avoir découvert la partie inférieure du buste féminin au niveau d’une tombe sur le même site archéologique.
DÉCOUVERTES
Serbie : des tombes romaines et un aqueduc
Des tombes d'époque romaine ont été découvertes sur le chantier d'un parking à Belgrade. Elles datent du Ier siècle de notre ère, à l’époque où la colonie de Singidunum a été fondée. Une autre surprise attendait les archéologues : les vestiges d'un aqueduc !
Italie : un autel grec en Sicile
Un autel a été découvert sur le site grec de Ségeste (en Sicile), déjà connu pour son temple dans les hauteurs remontant au Ve siècle avant JC. L'autel, destiné à un culte privé pour une famille, a probablement été utilisé avant l'ascension de l'empire romain sur l'île au Ier siècle avant JC.
Galilée : des mosaïques dans une synagogue d’époque romaine
Un ensemble de mosaïques d'époque romaine tardive a été découvert dans une synagogue à Huqoq, un ancien village juif de Galilée. Elles datent de 400 de notre ère. L'une d'elles, comme celle qui figure sur la photo d’illustration, représente un tigre qui chasse un bouquetin et ornait le sol.
VANDALISME
Rome : encore un graveur au Colisée
Une touriste suisse de 17 ans, en vacances à Rome avec sa famille, a été filmée par un guide touristique en train de graver son nom sur un mur du Colisée. Elle a été convoquée par la police et risque une amende de 15.000 euros. C'est la deuxième en quelques semaines à agir de la sorte, depuis qu’un touriste en provenance de Grande-Bretagne a été lui aussi filmé en train de graver son nom et celui de sa compagne (voir MMXXII n° 60).